Accueil - Propagande - en fako dans le texte - MP3 - Biographie - Contact
"La vie sexuelle des chauffagistes"
( Impromptu hivernal )

C' est fou ce qu' un intermède météorologique atypique comme une mini canicule au mois de février peut bouleverser des petites habitudes de feignant endurci.
Il est en effet certain que si j' aime à paresser langoureusement sur mon canapé l' après midi au lieu d' aller me faire exploiter, il est encore plus vrai qu' en cette période hivernale, je me calfeutre généralement aussi douillettement qu' un ex-nazi dans une abbaye franciscaine afin d' échapper aux rigueurs du climat. Or, il advint, comme indiqué plus haut, que ce 4 février de l' An de Grâce 2004 après la naissance de notre Seigneur ( Nique ta laïcité ), le temps était si clément que j' avais légèrement entrouvert ma fenêtre afin de laisser folâtrer innocemment un rayon de soleil dans mon salon pendant que j' écoutais SHAM 69, les Clash et d' autres jeunes poètes en Doc Marten' s.

Ainsi, je glandais avec ostentation en parcourant d' un œil distrait un de ces
petits fanzines bâclés, mal agrafés et pleins d' incongruités contestataires pour boutonneux gauchistes, publications se multipliant ces temps-ci presque aussi vite que les mises en examen d' élus UMP, sans qu' il y ait à première vue d' ailleurs le moindre lien de cause à effet d' après les services compétents.
Je perdais donc mon temps, avec une frénésie d' opossum sous temesta, quand,
soudainement, j' entendis les échos d' une conversation sous mes fenêtres.
Il s' agissait de deux quidams, vêtus de bleus prolétariens, qui, tout en partageant quelques inhalations de goudrons et de divers produits toxiques affectueusement manufacturés par l' état, devisaient fort plaisamment des à-côtés de leur métier de chauffagiste, noble tache s' il en existe...
En y prêtant un peu plus d' attention, je discernais des rires gras, alternants avec une conversation d' une espèce propre aux hommes du peuple attentifs à signifier leur hétérosexualité triomphante aux alentours, un peu comme les chats non opérés pissent sur les paillassons dès que le printemps revient.

Ils parlaient de leurs clientes dépannées récemment, évoquant les fantasmes qui faisaient bouillir leurs hormones sous la frêle et laborieuse carapace de serge bleue masquant tant bien que mal leur émoi, voire leur irrépressible et populaire turgescence. Bref, pour être tout à fait clair, Mimile expliquait à Dédé qu ' il lui aurait " bien péter le cul à la négresse " ( je cite ). Scandalisé par ces propos implicitement sodomites et explicitement racistes, je me proposais d' intervenir et de remettre à sa place cet ouvrier en lui faisant toucher du doigt ( en tout bien, tout honneur ) sa condition de frustré à la position sociale subalterne quand Dédé se mit à surenchérir en évoquant une option triolisme qui provoqua le rire gêné de Mimile. Je sentis immédiatement qu' un léger malaise s' était installé entre les deux blaireaux. Ils tirèrent donc prétexte d' avoir fini leur clope pour carrer leurs miches d' obsédés velléitaires dans leur utilitaire et s' arracher vers de nouvelles aventures...

Depuis ce jour, je ne peux plus croiser un type en bleu de travail sans trembler
en songeant à la bestialité latente, maintenue péniblement sous tutelle par la fatigue du travail, la castration sociale et, un peu, la peur du gendarme. Reconnaissons le : si on peut laisser nos compagnes attendre le plombier en étant relativement rassurés, on le doit à Karl Marx, à Sigmund Freud et, last but not least, au sémillant inspecteur Derrick. Car derrière chaque chauffagiste se cache un volcan de lubricité, un Priape à gourmette, un Rocco Siffredi plein de cambouis. Et ça, franchement, ça fout les boules...

webmaster : Charlie Mars - www.mars.ca.cx